En ce jour de juillet le ciel était, une fois encore, voilé sur le royaume de Numenor, le soleil si prompt d’habitude à chasser les noirceurs de la nuit ne parvenait pas ce matin à répandre sa lumière bienveillante. Hélas, ce phénomène venait à se répéter de plus en plus fréquemment ces dernières semaines sur les merveilleuses vallées de notre belle contrée.
Mais le peuple, à part quelques vieux grincheux, ne s’inquiétait pas trop de ces faits, le pays était tranquille, le gibier présent en grandes quantités et les greniers à blés pleins à craquer. Les filles étaient toujours aussi jolies, les enfants toujours turbulents, et tous préparaient, dans la joie, la grande fête du Renouveau, qui comme chaque année, durant 5 jours allaient permettre à tous de remercier le prince de ce monde, Elessar et ces vaillants compagnons qui veillaient sur le pays.
Ceux-ci empêchaient quiconque, depuis des années, de venir troubler ce monde merveilleux qu’est Numenor. Ils n’avaient jamais failli à leur mission ! Alors, pourquoi, parce que le soleil était un peu paresseux, ces derniers temps, faire preuve d’inquiétude…
Cela faisait déjà quelques jours que Slyb le Patriarche avait du mal à se lever, lui d’habitude si alerte malgré son grand âge, ne parvenait plus à retrouver cette joie qui lui faisait apprécier chaque jour nouveau comme un cadeau des dieux. Et une fois encore, plutôt que de profiter de cette nouvelle journée, de nouveau lui revenait en tête les évènements de ces derniers mois….
Lorsque Slyb avec ses compagnons de l’alliance « Vision » s’interrogeaient sur leur avenir dans cette univers, lassés de combattre des ennemis de plus en plus nombreux et avec des effectifs se rétrécissant de jours en jours, un diplomate vint leur rendre visite.
Celui-ci représentait les « Numenor » !
Bien sur nous connaissions ceux-ci, leur valeur de guerriers qui leur permettait de grimper dans la hiérarchie des alliances de ce monde, mais aussi et surtout leurs valeurs qui en faisaient une alliance pour qui le sens des mots « honneurs », « dévouement » et « loyauté » n’était pas vain.
La décision fut rapidement prise de les rejoindre, et c’est avec armes et bagages que nous entreprîmes le long voyage qui nous permit de rejoindre le château du Prince Elessar, ou désormais notre vie sera liée à celle de ces preux paladins. L’accueil fut on ne peut plus chaleureux, l’hospitalité étant un maître mot en ces lieux bénis des Dieux.
Après quelques jours de fête ou chacun appris à se connaître et à s’apprécier, Elessar nous réunis tous, anciens et nouveaux, dans la grande salle du trône.
-Mes amis, mes frères, je vous remercie tous de votre présence en ce lieu. Numenor est fière d’accueillir en son sein ses nouveaux membres.
Nous tous, allons œuvrer ensemble pour que jamais les forces sombres ne terrassent la lumière. Chacun en fonction de ses moyens fera en sorte que jamais, non jamais, nulle part dans cet univers quelqu’un ne puisse dire ou même penser que Numenor à failli à sa tâche. Nous allons montrer au monde que le respect ne s’acquiert pas uniquement par la force des armes, mais également par la force des idées.
Vive Numenor.
Une immense clameur jaillit alors de toutes les gorges
- Vive Numenor…
- Longue vie à Elessar….
Même Slyb, peu enclin d’habitude à ce genre d’extériorisation fut emporté dans ce tourbillon de cris et de joie.
Décidément, me dis-je, nous avons fait le bon choix, mes compagnons et moi de rejoindre cet Homme et ses amis…
Le soleil ayant enfin réussi à percer, Slyb décida qu’il était enfin temps de se lever. Chassant ces dernières appréhensions, et en se moquant de lui-même et de ses inquiétudes de jouvenceau, il appela Halmé son vieux serviteur.
- Bonjour seigneur, lui dis celui-ci
- Bonjour Halmé, apporte-moi mes vêtements s’il te plait.
Voyant celui-ci restez immobile et perdu dans ses pensées Slyb demanda à son vieux compagnon :
- Halmé, que t’arrive-t-il, tu dors encore, allez bouge toi un peu, serai-tu devenu trop vieux et plus faible qu’un nouveau né
Reprenant ses esprits et s’avançant avec les effets de son maître, mais avec un air quelque peu bizarre que le patriarche ne lui connaissait pas, l’homme dit:
- Je n’aime pas cela, pas du tout, je sens que le temps du bonheur est en train de se terminer
Plus inquiet qu’il ne voulait le laisser paraître par les propos de son serviteur, et résolu à en savoir plus Slyb lui demanda le pourquoi de ces propos.
- Ce n’est qu’une impression, Seigneur, rien qu’une impression, mais depuis quelques temps j’ai très souvent ressenti cela. Excusez-moi !
Surpris que son serviteur ressente la même chose que lui, Slyb l’envoya préparer son repas. En attendant que celui-ci soit prêt, il s’installa dans son fauteuil préféré, juste à coté de la grande fenêtre qui donnait sur la cour du château.
Et regardant les gens vaquer à leurs occupations quotidiennes, mais sans réellement les voir, de nouveau les évènements récents lui revinrent à l’esprit…
Passé la joie des festivités, la vie normale reprit son cours.
L’enthousiasme de tous ces jeunes guerriers faisait plaisir à voir au cœur de notre Patriarche, l’ardeur qu’ils mettaient tous à vouloir prouver leur valeur que ce soit au combat ou dans l’augmentation des mines du pays, démontrait une formidable envie de vivre les uns avec les autres et les uns pour les autres. Les plus aguerris ne rechignant jamais à aider les plus novices, les plus jeunes toujours prêts à se jeter dans les combats les plus fous…
Enfin bref, tout ce petit monde prospérait, dans la joie et la bonne humeur, tout cela sous le regard bienveillant de leur chef et surtout ami Elessar.
Inlassablement celui-ci repartait sur les routes, traversant les fleuves, franchissant les montagnes, à la recherche de nouveaux compagnons prêts à relever le défi proposé par Numenor ou sa petit sœur Aurora.
En effet la réputation d’Elessar lié à celle de son alliance, attirant de nombreux et valeureux chevaliers, une alliance sœur fut crée afin de permettre à chacun de s’épanouir en fonction de ses moyens, envies ou ambitions. Mais tous, anciens ou nouveaux, guerriers confirmés ou écuyers en devenir, tous suivaient les préceptes édités par notre guide
Bien sur, tout n’était pas toujours rose, quelque fois cela tournait même au rouge sang. Des combats furent perdus, par ignorance, par folie ou même parfois par erreur. Notre Prince lui-même perdit une bataille suite à un mauvais calcul, mais loin d’entacher sa réputation, cette petite étourderie, nous montra à tous que personne n’est à l’abri, et que jamais nous ne devons relâcher notre attention, sinon le monde dur et sauvage qui nous entoure gagnera.
- Seigneur, votre déjeuner !
- Je crois que je me suis assoupi, cher Halmé. Ha lala, que c’est dur de vieillir.
- Vous vivrez encore très longtemps, Seigneur, la quiétude qui règne en ce beau pays de Numenor fera de vous un centenaire.
- Merci Halmé. Puisse tu avoir raison. Dis moi, as-tu vu notre Prince ce matin ?
- Je crois qu’il est parti hier soir vers Aurora !
- Préviens moi de son retour, j’ai besoin de lui parler.
Tout en déjeunant, Slyb repensa à Elessar. Comment un si jeune homme arrivait à gérer tout ce royaume, cela restait un mystère pour lui. Si jeune et déjà si responsable, si juste, si humain. Certains même avec 4 vies devant eux n’arriveraient jamais à cette maturité. Finalement l’explication était simple, tellement simple.
Elessar aimait les gens !
Tout simplement l’amour qu’il portait aux autres lui donnait cette force.
Repoussant son repas auquel il avait à peine touché, Slyb laissa de nouveau son esprit vagabonder dans les méandres du temps.
La vie d’une alliance est ainsi faite que certains doivent partir. Combien de braves et valeureux amis avons nous perdus ?
Trop, beaucoup trop !
Aliminara et Yggdrazil, compagnons du début, tombés aux champs d’honneurs sous les coups des forces du mal. Paix à vos âmes ! Sachez que vous serez toujours présents à nos cotés. Un jour nous vous rejoindrons après un combat plus dur qu’un autre, nous aussi nous succomberons. Mais comme vous ce sera les armes à la main afin que triomphe nos idées.
Bien d’autres aussi sont partis vers un monde meilleur, je les vois très souvent dans mes songes, tous sont là, tous ces grands guerriers. Parfois je ne sais plus qui est vivant ou mort, qui est là ou ne l’est plus.
Haplo, Manfred, Mishima…. Vous n’êtes pas les premiers à nous avoir quittés, et malheureusement vous ne serez pas les derniers.
Mais à travers vous, grâce à vous, l’esprit de Numenor perdure.
Chacun a sa place dans ce royaume, mineur ou raideur, jeune ou vieux, néophyte ou anciens… Numenor ou Aurora, chacun a trouvé ici une famille, SA famille !
Un grand bruit de porte réveilla en sursaut Slyb !
Halmé pénétra en courant dans les appartements du Patriarche. Incapable de prononcer un mot, il s’écroula en larmes aux pieds de son maître.
- Que se passe-t-il, mon ami, répond moi !
N’obtenant pas de réponse, Slyb saisit brusquement Halmé et le redressa.
La détresse qu’il lut dans les yeux de son serviteur le fit frissonner et regretter sa rudesse.
- Mais vas-tu parler enfin !
- Le Prince…. Le Prince…
- Hé bien quoi le Prince, explique toi.
- Un grand malheur, mon seigneur… Il n’est plus !
Incapable de prononcer un mot de plus Halmé s’écroula de nouveau.
Refusant de comprendre, espérant avoir mal compris… Slyb partit à vive allure en direction de la salle du trône. Sur son chemin, il ne vit que serviteurs, chevaliers et paladins en pleurs.
Ce n’était que cris de désespoir, le château n’était qu’un immense sanglot.
Même le ciel avait repris sa couleur sombre du début de matinée, comme si le soleil lui-même refusait de voir le malheur s’abattre sur le royaume.
Repoussant d’une vigueur qu’il ne soupçonnait pas les gardes à l’entrée de la salle, le Patriarche pénétra à l’intérieur de celle-ci…
Et Là !
Il vit ce qu’il refusait de croire,
ELESSAR ETENDU SUR LA TABLE DU CONSEIL
Autour du corps de son ami se trouvait tous les membres de Numenor et d’Aurora.
Cobra, Red Divil, Joebar, Zell, Yamato, Tigerwolf, Joe, Deig, Warrior, etc, …. Tous se tenaient auprès du Prince
Contrairement à ce qu’il se passait dans le reste du château, pas un bruit ne provenait de la grande salle. Mais ce silence pesait sur le cœur des hommes présents plus qu’une chape de plomb n’aurait pu le faire.
De voir ces rudes gaillards prostrés dans leur infime tristesse semblaient irréels.
Eux que rien n’avait jamais effrayés, eux qui avaient affronté les pires démons de l’univers, ressemblaient à ce moment précis à de jeunes enfants désemparés.
Immobiles devant la dépouille de cet homme que tous considéraient comme leur père spirituel, seul les larmes qu’ils n’arrivaient pas à retenir montraient qu’eux étaient encore de ce monde.
- Que c’est-il passé ? Qu’est-il arrivé à Elessar ? Parlez, nom de dieu. Je veux savoir. Je dois savoir.
Agissant comme un électrochoc, les paroles de Slyb sortirent les chevaliers de leur torpeur. Plusieurs reprirent les questions du Patriarche.
En effet, aussi étrange que cela puisse paraître, personne ne semblait savoir ce qui c’était passé. Trop choqué par la nouvelles, seul le résultat qui était la disparition du Prince avait franchi leurs cerveaux traumatisés, personne ne s’était soucié de savoir ce qui était arrivé.
Alors Red Divil prit la parole.
- Hier soir nous attendions la visite d’Elessar, mais nous ne l’avons pas vu arriver. La nuit avançant nous partîmes au devant de lui, les routes ne sont malheureusement pas toujours sures.
Et après environ 1 heure de route nous l’avons trouvé allongé sur le sol dans la même position que maintenant. Aucune trace de combat, pas d’ennemis aux alentours. Rien !
Juste son corps.
Je l’ai cru mort, mais en me penchant vers lui j’ai vu qu’il respirait encore. Ce qui m’a le plus surpris c’est qu’il souriait, oui il souriait. Moi je pleurais comme un enfant et lui me souriait.
Malgré la tristesse qui rongeait leurs cœurs, les paroles de leur ami, leur arracha un maigre sourire. De savoir que Elessar au moment de passer de l’Autre Coté souriait leur semblait tellement irréel, mais finalement tellement lui, qu’un moment ils crurent qu’il allait se relever et aussi leur offrir un sourire.
Mais ce moment ne dura malheureusement qu’un instant… Elessar était vraiment mort !
Red Divil continua alors sont récit :
- Il savait que j’allais venir et il m’attendait, c’est ce qu’il m’a dit. Il m’attendait.
- Ecoute moi, je vais partir, non ne pleure pas c’est comme cela. Je voudrais que tu transmettes un message à tous nos amis. Écoute-moi bien !
Tous se rapprochèrent alors du corps du prince afin d’écouter ce qu’il avait à leur dire par la voix de Red Divil.
Mes amis, il est temps pour moi de vous quittez.
Ne soyez pas triste, surtout pas triste car moi je ne le suis pas. Sachez que ce fut un vrai plaisir de vous connaître et de vivre avec vous. Pour tout cela je n’aurai qu’un seul mot MERCI
Réel ou Irréel, je ne sais pas et ce n’est pas important, ce que je sais c’est que les liens qui nous ont unis et nous uniront encore, eux sont réellement là.
Les valeurs que nous avons partagées durant cette longue période, sont pour moi les vraies valeurs de la vie. Je sais que pour vous c’est également le cas alors peu importe que je sois là ou non pour que ces valeurs continuent d’être portées par Numenor et Aurora.
Personne ne peut et ne doit avoir plus d’importance que ce pour quoi nous nous sommes battus ensemble dans cet univers.
Adieu ou au revoir mes amis
Je retourne vers ce qui m’a vaincu, c'est-à-dire la VIE.
Un silence glacial s’installa dans la pièce !
Chacun vint alors s’incliner devant le corps du Prince et lui offrirent alors une dernière prière tous ensemble.
Slyb le Patriarche retourna doucement dans ses appartements, le ciel s’était de nouveau obscurcit, comme si le soleil voulait s’associer à la peine du royaume. Il s’allongea sur sa couche et ferma les yeux.
Déjà son esprit vagabondait vers un autre monde, vers un monde où il savait retrouver au milieu de tous les seigneurs disparut, celui qui porta au royaume de Numenor le nom de ELESSAR.
Pour toi avec mon amitié
Slyb
Mer 18 Juil - 20:55
